« Une douleur à court terme
pour un gain à long terme »
Les faits
Les marchés ont été pris à contre-pied en ce début d’année : ils attendaient une baisse de la fiscalité des entreprises et un programme de déréglementation, ils se retrouvent avec une guerre commerciale.
Depuis l’élection américaine, je dénonçais un excès de confiance sur les marchés. La chute de ces derniers jours a conforté mon approche prudente. Cela a permis de rester relativement protégé dans les allocations et de ne pas subir une baisse importante, contrairement à ce que connaissent les marchés actuellement.
Le président Trump a annoncé, lors d’une allocation solennelle le 2 avril, des droits de douane massifs. Des annonces plus sévères que ce à quoi le marché s’attendait. En plus d’un tarif minimum universel de 10 %, le nouveau régime comprend des droits de douane réciproques nettement plus élevés pour la plupart des principaux partenaires commerciaux et porte les droits de douane effectifs des États-Unis à des niveaux que nous n’avons pas observés depuis le début des années 1900.
La Chine et l’Europe ont répliqué avec des droits de douane supplémentaires. On est rentré dans une escalade ces derniers jours. Sauf que hier soir (9 avril), revirement de situation !
Pendant la nuit de mardi à mercredi, la dette US a été mise sous forte pression, la Chine ayant commencé à se débarrasser de ses bonds américains. Plusieurs autres pays ont suivi. Les taux d’intérêts ont réagi directement, en montant jusqu’à 4,5%. Ils risquaient alors de mettre en danger tout le système financier américain.
Trump n’avait pas d’autre choix que de céder et de retrouver des alliés dans cette bataille contre la Chine. Il a alors décidé hier soir de suspendre, pour 90 jours, l’intégralité des droits de douane « réciproques » entrés en vigueur le matin-même. Plus exactement, Trump maintient un taux indiscriminé de 10 % pour tous, à l’exception de la Chine, le seul pays à être encordé dans l’escalade douanière. Les surtaxes sont aujourd’hui de 125 % contre les importations chinoises aux Etats-Unis et de 84 % contre les importations américaines en Chine.
C’est un véritable aveu de faiblesse pour l’administration Trump.
Chine 1 – 0 Etats-Unis
Un ralentissement voulu ?
Trump aurait une motivation cachée derrière sa politique de tarifs douaniers : faire baisser les taux d’intérêt.
D’ici 2026, près de 9 000 milliards de dollars de dette américaine (près d’1/3 de la dette globale américaine), émis à des taux quasi nuls, arrivent à échéance. À 4/5% de taux, un refinancement ruinerait la trajectoire budgétaire des Etats-Unis.
La stratégie viserait à réduire le coût de refinancement de la dette et rendre les emprunts moins chers pour tous. Cette stratégie semble inefficace pour l’instant : le rendement à 10 ans des obligations du trésor est remonté au-dessus de 4%. Pourquoi ?
Car les principaux détenteurs de dette US, qui peuvent donc influer dessus sont :
- Japon : 1 000 Mds $
- Chine et Hong Kong : 1 000 Mds $
Ces créanciers ont donc un levier important pour riposter face aux droits de douane de Trump.
Dès lors, une des seules solutions est de provoquer un ralentissement pour faire baisser la croissance, l’inflation et donc les taux.
Le programme de Trump
Pour son second mandat, Trump a trois grands objectifs :
-
- protéger l’industrie manufacturière américaine,
- réduire le déficit commercial,
- et enfin ramener des emplois industriels aux États-Unis.
Or ces objectifs prennent du temps, et Trump n’en a que très peu. Les élections de mi-mandat arrivent vite (novembre 2026) et il sera nécessaire pour le président d’afficher un bilan favorable afin de pouvoir appliquer sa politique sur les deux dernières années de sa présidence.
C’est ce qui me fait dire que l’administration Trump a décidé de commencer par le plus difficile, d’attaquer très fort dès le début de son mandat, pour se laisser du temps et pour ne pas polluer la préparation des mid terms. L’horizon de temps de Trump est court par rapport à ses objectifs ambitieux. Il doit donc frapper fort et tôt s’il veut des résultats rapides.
Conclusion
Le vrai sujet derrière toute cette actualité c’est encore une fois les niveaux de dette des Etats qui deviennent exorbitant. D’où l’intérêt, dans le contexte actuel, de choisir un contrat protégé au Luxembourg.
Mon rôle est de continuer d’appliquer ma méthode, de garder la tête froide, de comprendre les mécanismes qui guident les marchés, d’intégrer les risques présents à court terme pour protéger les allocations et de profiter des opportunités quand elles arriveront pour faire progresser vos investissements dans la durée.
Pour le moment, restons simplement vigilant et attendons les retombées de ces négociations.
Gérant fondateur,
William Gabel
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