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Ou quand le modèle communiste chinois peine à convaincre sa population !

Profitant de la fermeture du marché boursier chinois mi-février (fêtes du Nouvel An lunaire), c’était le moment de faire un point sur sa santé.

La situation en Chine inquiète. En 2023, le MSCI China (indice boursier chinois) a perdu 11% (en dollar), prolongeant les chutes de 2021 (-21,72%) et 2022 (-21,93%). Sur trois ans cumulés, la perte devient colossale, alors que les actions mondiales montent dans le même temps de plus 50%! Même les valeurs technologiques chinoises, naguère plébiscitées, sont dans la tourmente. Alibaba par exemple perd près de 70% depuis début 2021.

Au programme

  1. Le patient chinois inquiète
  2. Les doutes croissants sur le modèle communiste – un regard critique sur une économie administrée
  3. L’empire du milieu n’a pas dit son dernier mot
  4. Conclusion

Temps de lecture : 10 minutes

Le patient chinois inquiète

Les principales causes de la baisse du marché chinois sont nombreuses et identifiées :

  • politiques anti-Covid excessivement strictes,
  • gouvernance étatique imprévisible et brutale à l’égard des entreprises – notamment technologiques,
  • mesures protectionnistes prises par les Etats-Unis,
  • crise immobilière qui semble sans fin.

Si l’on ajoute à cela un recul démographique qui ne fait que commencer – deux millions de Chinois en moins en 2023 –, et une dette totale (publique et privée) qui atteint des sommets, la situation paraît aussi catastrophique qu’elle était prometteuse du temps de la Chine scintillante, il y a seulement quelques années.

Cette année en effet, pour la première fois, la population chinoise a non seulement cessé de croître, mais elle a même diminué alors que ce pic n’était attendu qu’en 2030.

Ancien atelier du monde, la Chine a aujourd’hui le besoin de se réinventer. Le pays cherche à s’appuyer sur une consommation intérieure plutôt que sur son industrie exportatrice. Ce changement de modèle ne se fera pas en quelques mois, et peine surtout à convaincre, même au sein du pays !

L’économie chinoise est grippée, et aucun vaccin ne semble fonctionner pour l’instant ! A tel point que la Chine est un des rares pays au monde à connaître la déflation (baisse durable du niveau général des prix). Sur le seul mois de janvier, les prix ont reculé de 0,8 % sur un an, tandis que l’immense majorité des autres pays lutte toujours contre l’inflation. Même si le chiffre de janvier a été particulièrement affecté par la baisse brutale des prix du porc et devrait rebondir en février, le problème est sérieux.

Nous attendions tous, début 2023, une explosion de la croissance chinoise provoquée par une consommation des ménages débridée après 3 ans de Covid.

Nous craignions même que cette explosion de la consommation ne relance la spirale inflationniste mondiale.

Il n’en a rien été.

L’État investit moins.
Les entreprises patinent.

Tous les moteurs de l’économie tournent au ralenti.
Et les consommateurs chinois ne consomment pas. Voyons pourquoi.

Les doutes croissants sur le modèle communiste chinois – un regard critique sur une économie administrée

La confiance ne se mesure pas ou mal. Et pourtant, elle joue un rôle capital dans le fonctionnement des marchés et de l’économie. C’est parce que la population a confiance dans l’avenir, qu’elle peut se projeter et s’engager à consommer ou à investir, et à participer à l’expansion économique. En témoigne l’importance accordée aux nombreux sondages sur la confiance des consommateurs, notamment aux Etats-Unis.

Or, pour que la population consomme, elle a besoin d’avoir pleinement confiance dans l’avenir.

Depuis au moins une vingtaine d’années, les autorités centrales tentent en effet d’inciter les Chinois à moins épargner et à consommer plus, pour que l’argent circule. Mais en l’absence d’un système correct de sécurité sociale, et notamment de retraite, alors que la vie – logement et éducation – coûte de plus en plus cher, les Chinois épargnent toujours. Pour payer leurs soins de santé, soutenir leurs parents.

Et cela ne va pas s’améliorer alors que le vieillissement de la population s’accélère.

« Stimuler la consommation des ménages serait le levier le plus efficace pour relancer la croissance. Mais cette option se heurte à des réticences politiques et idéologiques. D’une part, cela exigerait de transférer du revenu des gouvernements locaux et des entreprises publiques vers les ménages, ce qui suscite une forte résistance de ces groupes d’intérêt. D’autre part, pour des raisons idéologiques, les régimes communistes sont historiquement réfractaires à des mesures de relance qui transfèrent directement du revenu aux ménages sans aucune contrepartie. Le procédé est perçu comme dévalorisant la notion de travail individuel. Les chèques de stimulus envoyés aux ménages américains pendant la pandémie sont ainsi mis en exergue comme symptômes de la décadence occidentale », note Raphaël Gallardo.

Le taux d’épargne des différentes zones géographiques est un indicateur déterminant pour mesurer la confiance de la population en son économie. Aux États-Unis, le taux d’épargne se situe à 3 %. Ce qui signifie que quand les américains touchent leur salaire en fin de mois, ils n’épargnent que 3 % et consomment 97 % ! C’est le taux d’épargne le plus faible au monde, car les américains ont une absolue confiance en leur économie et en l’avenir. C’est tout le contraire de l’Europe et de la Chine, où les taux d’épargne se situent entre 15 et 20 %.

Dans son livre de Zéro à Un, Peter Thiel évoque la Chine comme, dit-il “la région la plus résolument pessimiste du monde actuel”.

“Tous les autres pays de la planète craignent que la Chine ne domine le monde ; la Chine est la seule à craindre de ne jamais y parvenir.”

Faut-il pour autant enterrer la Chine ? Et ne plus lui accorder de place dans une allocation d’actifs diversifiée ?

L’empire du milieu n’a pas dit son dernier mot

Malgré les inquiétudes évoquées et ce problème de confiance qui touche la population chinoise, les arguments pour son rebond sont nombreux. Je vais en citer quatre :

  1. Valorisations attractives
    Les actions chinoises se négocient actuellement à des niveaux historiquement bas par rapport à leurs fondamentaux (sur des niveaux de la crise de 2008). Les multiples (comme le PER) sont nettement inférieurs à ceux des marchés développés, ce qui crée un point d’entrée intéressant pour les investisseurs long terme.
  2. Reprise économique en cours, avec soutien politique
    Après une période de ralentissement post-Covid et des incertitudes réglementaires, la Chine commence à relancer sa croissance via des mesures de soutien budgétaire, monétaire et sectoriel (immobilier, consommation, technologie). Pékin réaffirme sa volonté de stabiliser l’économie.
  3. Rattrapage potentiel de la consommation intérieure
    La classe moyenne chinoise continue de croître et l’épargne accumulée pendant la crise sanitaire est importante. Cela crée un fort potentiel de rebond de la consommation domestique, notamment dans les secteurs du luxe, de la santé, et des technologies. Si la confiance revient, évidemment.
  4. Diversification géographique des portefeuilles
    Investir en Chine permet de réduire la dépendance vis-à-vis des marchés américains ou européens, qui sont souvent corrélés entre eux. La Chine, deuxième économie mondiale, offre une exposition à des moteurs de croissance différents, notamment en Asie.

Conclusion

Comment envisager une économie basée sur la consommation intérieure dans un pays communiste ? C’est toute la question.

La défiance des investisseurs est profonde. Tant que la crise immobilière durera, un risque diffus de crise bancaire fera peser une chappe de plomb sur le marché boursier et le moral des ménages.

Mais une fois l’immobilier stabilisé, les moindres bonnes nouvelles seront saluées par une effervescence inversement proportionnelle à l’excès de défiance actuel. La Chine prend le temps. Les investisseurs trop pressés, doivent se le donner.

Pour un investisseur, la prise de risque peut sembler opportune du point de vue du positionnement économique de la Chine, de sa valorisation ainsi que de sa politique fiscale et monétaire.

William Gabel,
Gérant fondateur

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